samedi 31 janvier 2015

L'Astrolabe

Vous l'attendiez avec une impatience à peine contenue : voici le deuxième article de ce blog ! Les évènements relatés ici datent d'environ 2 semaines. J'ai pris du retard et j'en suis le premier désolé. J'ai bien entendu préparé tout un tas de mauvaises excuses toutes prêtes que je serai ravi de fournir à ceux qui me demanderaient pourquoi.

Le voyage polaire vers Dumont d'Urville ne serait que l'ombre de lui même s'il ne comportait pas la fameuse et légendaire traversée de l'océan Antarctique à bord de ...

1. Une caractéristique renversante

La particularité notoire de ce navire est propension à s'éloigner de sa position de stabilité en toutes circonstances. C'est assez astucieux et je ne comprends pas très bien comment ça marche, mais c'est comme ça. Tenez, par exemple vous êtes tranquillement dans votre cabine, et vous remarquez que les objets habituellement inanimés dans votre entourage décident tout d'un coup de traverser la pièce d'un côté vers l'autre avec moult fracas, ce qui est somme toute assez curieux mais qui s'explique en fait assez bien si vous considérez que c'est le sol qui se met à pencher. Vous vous dites naturellement : "Saperlipopette! C'est parce qu'il doit y avoir là dehors une sacrée tempête à décorner les bœufs ou je ne m'y connais pas !". Vous vous rendez donc jusqu'à la passerelle grâce à la technique dite du jocari qui consiste à se cogner alternativement de façon plus ou mois contrôlée sur les murs de la coursive, en adaptant la vitesse de progression de façon à viser la porte du bon côté tout au bout au loin. Et là, stupeur : vous constatez que la mer est en fait super calme alors que la bateau danse la skibouille dans tous les sens. C'est ce qui fait le charme de l'Astrolabe, et constitue par là même la réputation du Gastrolabe.

Je vous invite à cliquer ci-dessous pour avoir un petit aperçu de l'ambiance sonore qui berce votre sommeil àbord. Ronronnement sourd des machines, grincements sinistres... le claquement régulier est celui de l'échelle contre le lit superposé.



2. La traversée

Une fois sur le bateau il n'y a nulle part ou aller et pas grand chose à faire, alors chacun s'occupe comme il peut. Pour passer le temps, Stéphane et Aude font le tour du H d'hélicoptère pendant des heures en discutant. D'autres lisent, trient leur photos, ou bien regardent en silence défiler les vagues et les baleines sur l'horizon. Quelques uns sont très occupés à être malade et s'y consacrent pleinement. Cette vie routinière est ponctuée régulièrement par les repas, activité hautement distrayante joyeusement accueillie par ceux qui ont un estomac opérationnel.





  


3. L'arrivée dans le pack

Soudainement dans le lointain apparaît une minuscule tâche blanche à peine perceptible : le premier iceberg. Bientôt, tout un tas de petites sculptures d'art contemporain envahissent le paysage. Ces morceaux de banquises éparpillés aux formes biscornues dégagent par endroits une lumière très particulière variant du le bleu vert au turquoise, comme s'ils étaient éclairés de l'intérieur. Aucun mouvement dans le paysage hormis quelques oiseaux qui suivent le bateau par curiosité. La mer est d'huile et reflète comme un miroir. Au fur et à mesure que le pack se densifie, la progression du bateau se fait difficile, et les violents heurts avec la glace, si l'on ne prend pas garde de s'accrocher solidement, font perdre l'équilibre. Quelques heures plus tard, une large zone d'eau libre succède au pack. Puis une ligne blanche, continue, infranchissable. La banquise stoppe notre progression. Le trajet se finira en hélicoptère.






Ci-dessous, une illustration sonore de la méthode employée pour se déplacer à travers le pack. En bon représentant de la famille des casse-glaces, l'Astrolabe aborde le morceau de pack de front, glisse dessus, et l'écrase de son poids, ce qui permet de le fendre et de progresser.

4. Bonus

Et pour finir amis lecteurs, voici un bonus pour ceux d'entre vous qui auraient la chance de recevoir Internet en couleur. Une technologie encore expérimentale me permet de vous transmettre ces magnifiques vues en relief prises depuis l'Astrolabe lors de sa progression  à travers le pack ! Pour pouvoir observer les icebergs comme si vous y étiez, il vous faudra toutefois préalablement vous munir d'une paire de lunettes à filtres rouge (oeil gauche) et bleu (oeil droite), vous en avez probablement quelque part. (Cherchez bien dans 2ème tiroir en partant du bas de votre vieille commode, elles aiment se cacher entre deux piles de feuilles écrites d'un côté mais qui peuvent encore servir, et sous un tas de petits objets hétéroclites qu'il faudrait probablement jeter mais qu'on garde au cas où. En tout cas c'est là que j'ai trouvé les miennes.). Mettez une paire de piles neuves et admirez les icebergs jaillissant hors de l'écran dans votre salon !





7 commentaires:

Le Manchot masqué a dit…

Prise par l'émotion, j'ai vidé tous mes tiroirs pour trouver des lunettes.
Et non, j'ai juste une dizaine de ces saloperies de lunettes polarisantes achetées à prix d'or (impossible de penser à les prendre quand je vais au cinéma).
Je suis triste.

Manny a dit…

C'est pas trop tôt

Anonyme a dit…

Domigène :
Bravo pour le nouvel article et les superbes photos.
Nous n'avons pas pu profiter des images 3D car l'office de tourisme de Prémanon ne fournit pas les lunettes adaptées.

FRi a dit…

De belles vaguelettes qui interfèrent... l'optique te manque à ce point ? ^_^
Super photos en tout cas !

Anonyme a dit…

Vu aux infos il y a quelques jours l arrivée de l astrolab sur la banquise . Je ne t ai pas vu :) loic

Manu a dit…

@FRi : hé oui je me console comme je peux :)
@Loïc : et pourtant j'étais avec les journalistes sur le bateau. Je suis pas passé loin de la postérité.

Anonyme a dit…

Tu es trop discret ;) montre toi . On est fier de toi. J aimerai bien être a ta place ;)