Vous l'attendiez avec
une impatience à peine contenue : voici le deuxième article de ce blog ! Les
évènements relatés ici datent d'environ 2 semaines. J'ai pris du retard et j'en
suis le premier désolé. J'ai bien entendu préparé tout un tas de mauvaises
excuses toutes prêtes que je serai ravi de fournir à ceux qui me demanderaient
pourquoi.
Le voyage polaire vers Dumont d'Urville ne serait que l'ombre de lui même s'il ne comportait pas la fameuse et légendaire traversée de l'océan Antarctique à bord de ...
1. Une caractéristique renversante
La particularité notoire de ce navire est propension à
s'éloigner de sa position de stabilité en toutes circonstances. C'est assez
astucieux et je ne comprends pas très bien comment ça marche, mais c'est comme
ça. Tenez, par exemple vous êtes tranquillement dans votre cabine, et vous
remarquez que les objets habituellement inanimés dans votre entourage décident tout d'un coup de
traverser la pièce d'un côté vers l'autre avec moult fracas, ce qui est somme
toute assez curieux mais qui s'explique en fait assez bien si vous considérez
que c'est le sol qui se met à pencher. Vous vous dites naturellement : "Saperlipopette!
C'est parce qu'il doit y avoir là dehors une sacrée tempête à décorner les bœufs
ou je ne m'y connais pas !". Vous vous rendez donc jusqu'à la
passerelle grâce à la technique dite du jocari qui consiste à se cogner
alternativement de façon plus ou mois contrôlée sur les murs de la coursive, en
adaptant la vitesse de progression de façon à viser la porte du bon côté tout
au bout au loin. Et là, stupeur : vous constatez que la mer est en fait super
calme alors que la bateau danse la skibouille dans tous les sens. C'est ce qui
fait le charme de l'Astrolabe, et constitue par là même la réputation du
Gastrolabe.
Je vous invite à cliquer ci-dessous pour avoir un petit
aperçu de l'ambiance sonore qui berce votre sommeil àbord. Ronronnement sourd
des machines, grincements sinistres... le claquement régulier est celui de
l'échelle contre le lit superposé.
2. La traversée
Une fois sur le bateau il n'y a nulle part ou aller et pas
grand chose à faire, alors chacun s'occupe comme il peut. Pour passer le temps,
Stéphane et Aude font le tour du H d'hélicoptère pendant des heures en
discutant. D'autres lisent, trient leur photos, ou bien regardent en silence
défiler les vagues et les baleines sur l'horizon. Quelques uns sont très
occupés à être malade et s'y consacrent pleinement. Cette vie routinière est
ponctuée régulièrement par les repas, activité hautement distrayante joyeusement
accueillie par ceux qui ont un estomac opérationnel.
3. L'arrivée dans le pack
Soudainement dans le lointain apparaît une minuscule tâche
blanche à peine perceptible : le premier iceberg. Bientôt, tout un tas de
petites sculptures d'art contemporain envahissent le paysage. Ces morceaux de
banquises éparpillés aux formes biscornues dégagent par endroits une lumière
très particulière variant du le bleu vert au turquoise, comme s'ils étaient
éclairés de l'intérieur. Aucun mouvement dans le paysage hormis quelques
oiseaux qui suivent le bateau par curiosité. La mer est d'huile et reflète
comme un miroir. Au fur et à mesure que le pack se densifie, la progression du
bateau se fait difficile, et les violents heurts avec la glace, si l'on ne
prend pas garde de s'accrocher solidement, font perdre l'équilibre. Quelques
heures plus tard, une large zone d'eau libre succède au pack. Puis une ligne
blanche, continue, infranchissable. La banquise stoppe notre progression. Le
trajet se finira en hélicoptère.
Ci-dessous, une illustration sonore de la méthode employée pour se déplacer à travers le pack. En bon représentant de la famille des casse-glaces, l'Astrolabe aborde le morceau de pack de front, glisse dessus, et l'écrase de son poids, ce qui permet de le fendre et de progresser.
4. Bonus
Et pour finir amis lecteurs, voici un bonus pour ceux d'entre
vous qui auraient la chance de recevoir Internet en couleur. Une technologie
encore expérimentale me permet de vous transmettre ces magnifiques vues en relief prises depuis l'Astrolabe lors de sa
progression à travers le pack ! Pour pouvoir observer
les icebergs comme si vous y étiez,
il vous faudra toutefois préalablement vous munir d'une paire de lunettes à
filtres rouge (oeil gauche) et bleu (oeil droite), vous en avez probablement quelque part. (Cherchez bien dans 2ème tiroir en partant du bas de votre
vieille commode, elles aiment se cacher entre deux piles de feuilles écrites
d'un côté mais qui peuvent encore servir, et sous un tas de petits objets
hétéroclites qu'il faudrait probablement jeter mais qu'on garde au cas où. En
tout cas c'est là que j'ai trouvé les miennes.). Mettez une paire de piles neuves
et admirez les icebergs jaillissant hors de l'écran dans votre salon !